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Time (2006) de Kim Ki-duk


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« Le visage se refuse à la possession, à mes pouvoirs. Dans son épiphanie, dans l'expression, le sensible, encore saisissable se mue en résistance totale à la prise. Cette mutation ne se peut que par l'ouverture d'une dimension nouvelle. En effet, la résistance à la prise ne se produit pas comme une résistance insurmontable comme la dureté du rocher contre lequel l'effort de la main se brise, comme l'éloignement d'une étoile dans l'immensité de l'espace. L'expression que le visage introduit dans le monde ne défie pas la faiblesse de mes pouvoirs, mais mon pouvoir de pouvoir. Le visage, encore choses parmi les choses, perce la forme qui cependant le délimite. Ce qui veut dire concrètement : le visage me parle et par là m'invite à une relation sans commune mesure avec un pouvoir qui s'exerce, fût-il jouissance ou connaissance. »

(Levinas, Totalité et Infini)


En instrumentalisant son visage, ce qu’elle vise est l’altérité, l'être autre à elle-même comme effet secondaire de l’être autre à l’autre, l’être renouvelé qui vaincrait l’ensevelissement de son visage sous les sédiments de la lassitude, un visage mé-connaissable, insaisissable, attirant donc, un visage dont l’expression serait à même d’inviter à un amour où le pouvoir de pouvoir ne s’exercerait pas.

Ce qu’elle vise est ce qu’elle manque à tout instant.

Le bistouri déforme son visage d’abord, celui de l’homme qu’elle aime ensuite, les réduisant à des formes parmi des formes, qui n’expriment rien que la quête essoufflée de ce qui percerait ces formes: un amour trans-formé qui transcenderait la forme des visages, qui se dévoilerait ni sous la multiplicité des visages contingents de chair ou de papiers dont la superposition ne renvoie qu'au retour unheimlich de l'inexpressif (lien), ni en échappant à l’étouffement des draps où elle se voile la face, ni dans la main de l’autre réduite à un gant taillé à sa propre mesure, ni dans le retour récurrent aux figures statiques des sexes de pierre.

« L’expérience absolue n’est pas dévoilement mais révélation :

[…] manifestation d’un visage par delà la forme »

(Levinas, Totalité et Infini)



Film présenté dans le cadre de l'enseignement
Psychanalyse et Cinéma
de l’École de la Cause Freudienne

+ d'info et lien vers les commentaires de Carolina Koretzky et Charles-Henri Crochet

[extrait video]


O let me weep, for ever weep

...


"O let me weep, for ever weep,
My Eyes no more shall welcome Sleep;

I'll hide me from the sight of Day,
And sigh, and sigh my Soul away.

He's gone, he's gone, his loss deplore;
And I shall never see him more."


CREACiné – 16 janvier 2012 : Café Müller (1978) de Pina Bausch


Chers collègues, chers amis,
Le cinéclub du CREA vous invite à la projection de la pièce Café Müller (1978, 45 minutes) de la chorégraphe allemande Pina Bausch le lundi 16 janvier à 19h30 à l'amphi Ferber (ENSTA, rez-de-chaussée). Voici quelques liens pertinents.
Bien cordialement,
Gabriel Catren.
affiche

Action rajeunissante de l’altérité


« […] il existe une opposition tranchée entre les « instincts du moi » et les instincts sexuels, les premiers tendant vers la mort, les derniers au prolongement de la vie. […] c'est seulement aux premiers que nous avons cru pourvoir attribuer un caractère de conservation ou, plutôt, en rapport avec la tendance à la répétition. D'après notre manière de voir, en effet, les instincts du moi, nés le jour où la matière inanimée a reçu le souffle de vie, tendraient au rétablissement de l'état inanimé.

De l'ensemble [des] recherches [sur l’(im)mortalité des protozoaires] nous relèverons deux faits qui semblent nous fournir un appui solide. Le premier fait est le suivant : si, à une époque où ils ne présentent encore aucune altération en rapport avec la vieillesse, les animalcules [infusoire cilié, en forme de « pantoufle »] réussissent à se fondre ensemble, à « s'accoupler » (pour, au bout d'un certain temps, se séparer de nouveau), ils sont épargnés par la vieillesse, ils subissent un « rajeunissement ». […] Mais l'action rajeunissante de la copulation peut être remplacée par celle de certaines irritations, de certaines modifications dans la composition du liquide nutritif, par l'élévation de la température, par des secousses. […]

Le deuxième des faits dont nous venons de parler est celui-ci : […] ce sont seulement les produits de leur propre métabolisme qui exercent sur les générations [une] action nocive. Dans une solution, en effet, saturée de produits de déchet provenant d'une autre espèce, suffisamment éloignée, les animalcules prospéraient admirablement, alors qu'ils périssaient immanquablement au milieu de leurs propres produits. Abandonné à lui-même, l'infusoire meurt donc d'une mort naturelle, par suite de l'élimination imparfaite de ses produits de désassimilation. Il se peut d'ailleurs qu'au fond tous les animaux supérieurs meurent par la même cause.

[…] Mais par quel moyen la fusion de deux cellules peu différentes l'une de l'autre produirait-elle une pareille rénovation de la vie? Les tentatives faites pour remplacer la copulation des protozoaires par des irritations chimiques, voire mécaniques, nous fournissent à cette question une réponse certaine : cette rénovation s'effectue à la faveur de l'afflux de nouvelles quantités d'excitations. Mais ceci s'accorde fort bien avec l'hypothèse que le processus vital de l'individu tend, pour des raisons internes, à l'égalisation des tensions chimiques, c'est-à-dire à la mort, alors que son union avec une autre substance vivante, individuellement différente, augmenterait ces tensions, introduirait, pour ainsi dire, de nouvelles différences vitales qui se traduiraient pour la vie par une nouvelle durée. »

Freud, S. (1920) Au-delà du principe de plaisir, chap. 6 : Dualisme des instincts, instinct de vie et instinct de mort. [texte intégral]


La mort : Mon ironie dépasse toutes les autres !



Odilon Redon (1840-1916)
Planche 3 de la série
À Gustave Flaubert. Six dessins pour la Tentation de saint Antoine

1889

The beginning of memory

Laurie Anderson
Homeland
The Beginning of Memory


There's a story in an ancient play about birds called The Birds
And it's a short story from before the world began
From a time when there was no earth, no land.
Only air and birds everywhere.

But the thing was there was no place to land.
Because there was no land.
So they just circled around and around.
Because this was before the world began.

And the sound was deafening. Songbirds were everywhere.
Billions and billions and billions of birds.

And one of these birds was a lark and one day her father died.
And this was a really big problem because what should they do with the body?
There was no place to put the body because there was no earth.

And finally the lark had a solution.
She decided to bury her father in the back of her own head.
And this was the beginning of memory.
Because before this no one could remember a thing.
They were just constantly flying in circles.
Constantly flying in huge circles.


Le miroir aux alouettes
Jean Ernest Aubert (1885)

Diane Arbus (1923 - 1971)

They are the proof of something was there and no longer is.
Like a stain.
And the stillness of them is boggling.
You can turn away but when you come back they'll still be there
looking at you.

Diane Arbus (March 1971)

"Elles sont la preuve que quelque chose était là et n'est plus.
Comme une tâche.
Et leur immobilité est déroutante.
On peut leur tourner le dos, mais quand on revient, elles sont toujours là
en train de vous regarder"



ce qui dé-route, ce sont les temps étrangement hermétiques que ces photos superposent

le temps de soi ici-même depuis toujours et à jamais

le temps du monde déjà ailleurs

d’où, peut-être, ces corps qui ne posent pas ‘maintenant’ mais exposent leur présent solidifié

condamnés qu’ils seraient à rester là où le monde n’est déjà plus



CREACiné – 27 Septembre 2011 : La Mujer sin Cabeza (2008) de Lucrecia Martel


Savez-vous ce qu’il s’est passé ?

Savez-vous ce que vous avez fait ?

Portez-vous la culpabilité d’un évènement qui n'a pas eu lieu ?

Quelqu’un traverse-t-il ce non-évènement qui vous renverse ?

Le Mardi 27 Septembre, à 18h30, nous projetterons La Mujer Sin Cabeza - La Femme Sans Tête (2008) de la réalisatrice Argentine Lucrecia Martel.

Comme d’habitude, la projection sera suivie de débats et grignotages légèrement arrosés.

Fidèlement vôtre,

cccp

affiche




La femme 100 têtes
Max Ernst (1929)

Iris (2001) de Richard Eyre



“Conceivably, it is the persons who hug their identity most closely to themselves
for whom the condition of Alzheimer’s is most dreadful.
Iris’s own lack of a sense of identity seems to float her more gently
into its world of preoccupied emptiness.”

Bayley, John. Elegy for Iris. London: Abacus, 1999.