Affichage des articles dont le libellé est Persona. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Persona. Afficher tous les articles

L'Heure du Loup (1968) de Ingmar Bergman

Vu le 01 nov. 2010 (Cinématèque, Paris)
Miroir de Persona

L’heure du loup : fusion avortée et distension entre deux êtres.
Persona : scission interne et fusion de deux êtres.

L’heure du loup : Alma souhaite mais n’arrive pas à comprendre Johan, à s’y fondre jusqu’à ce qu’ils deviennent un.
Persona : Alma souhaite mais n’arrive pas à comprendre Elisabet, mais elle s’y fond jusqu’à ce qu’elle devienne elle.


Persona : lisière entre soi et l’autre brouillée ; l’autre en soi (Elisabet), soi en l’autre (Alma).
L’heure du loup : lisière entre réel et imaginaire poreuse ; comme la psychanalyse, la folie et l’art relèguent au même plan fantasme et réalité.




L’heure du loup : Johan homme de la nuit, Alma femme diurne « faite d’une seule pièce », ne peuvent se rencontrer qu’à la lisière du jour et de la nuit, à l’heure du loup. Alma perd d’autant plus Johan qu’elle essaye de le retrouver dans sa nuit. Johan, enfant apeuré à l’heure du loup, infanticide le jour, angoisse mise à jour, baignée de lumière aveuglante.



Ma chute originelle c'est l'existence de l'autre

« Ma chute originelle c'est l'existence de l'autre » (Sartre, L’être et le Néant, p. 302) : par le regard qu’autrui a posé sur mon corps, « je suis « tombé » dans le monde, au milieu des choses, et […] j'ai besoin de la médiation d'autrui pour être ce que je suis » (p. 328).
Le film Persona de Ingmar Bergman me semble illustrer idéalement la chute de soi dans l’autre. Elizabet Vogler restreint radicalement sa prise de parole. Les propos tenus par son médecin à son égard pourraient caractériser une anorexique, qui, elle-aussi rêve « vainement d’exister. Ne pas avoir l’air, être réellement. […] Mais un abîme sépare ce qu’on est pour les autres et pour soi-même [bien que] personne [d’autre qu’elle-même] ne se demande si c’est réel ou non, si [elle] es[t] vraie ou fausse. »
Ainsi, par son mutisme, Elisabet réagirait de façon ‘anorexique’ à sa « chute » en l’autre. Suivant ce fil conducteur, une façon ‘obèse’ de réagir à la perte de soi en l’autre serait incarnée par l’autre personnage central de ce film, l’infirmière Alma, Alma dont l’insatiable parole cache autant qu’elle exprime l’espoir d’être soi authentiquement, et l’angoisse de ne pas l’être pour autrui. Elle voudrait réussir à « croire, réaliser quelque chose. Croire que sa vie à un sens. S’y tenir obstinément, sans conditions. […] Compter pour les autres ». On comprend toute l’importance de « compter pour les autres » pour Alma quand elle dit que pour son amant, elle « n’existai[t] pas vraiment », Elisabet étant « la première personne qui [l]’écoute ». Elle finira par laisser éclater sa frustration, sentant qu’Elizabet « ignore ce [qu’elle] ressen[t] », s’est servie d’elle, l’a fait parler et dire des choses intimes et s’est emparé de sa parole comme d’un « sujet d’étude ».
Elisabet et Alma incarneraient donc dans le domaine de la parole et de l’audibilité ce que l’anorexique et l’obèse incarnent dans le domaine de la nourriture et de la visibilité. Sont en jeu ici deux points distincts mais intimement articulés l’un à l’autre : (i) la croyance qu’il existe une version de moi, une manière d’être moi-même qui est authentique et que je dois être ou devenir ; (ii) la volonté que cette version de moi soit placée sur la scène publique et soit reconnue par l’autre. En d’autres termes, ce soi authentique doit être incarné, le corps doit l’exprimer, le montrer, et ainsi en démontrer l’existence même. Ce qui motive ce processus de monstration de soi, c’est notamment que « j'ai besoin de la médiation d'autrui pour être ce que je suis » (Sartre, L’être et le Néant, p. 328). Mais ce ‘soi authentique’ que mon corps doit incarner, quel est-il ? […]

dL. « Désir de vide : le corps vécu par l’anorexique et par l’obèse ». Extrait de ma présentation à la conférence EIAO : Vers une Etude Conjointe et Interdisciplinaire de l’Anorexie te de l’Obésité. 19-20 Octobre 2010. Paris.
[ppt]

Ciné-CREA – 28 septembre 2010: Persona (1966) de Ingmar Bergman

Cher public,

Afin de continuer à déployer les sujets soulevés par le film de R.W. Fassbinder Le Secret de Veronika Voss que nous avons partagé la semaine dernière, nous vous proposons pour ce mardi 28 septembre à 18h30 le film Persona (1966) du réalisateur suédois Ingmar Bergman (1918-2007).

Bien cordialement,
CCCP.
Affiche