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Because you say I for me

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Possession: “Because you say I for me



“Das Schlechte, das dem Ich Fremde, das Außenbefindliche, ist ihm zunächst identisch”

“Le mauvais, l'étranger au moi, ce qui se trouve au dehors, lui est tout d'abord identique”

Freud, S. (1925) Die Verneinung. La négation. (lien)




Analyse de JB Thoret


Aragon fou d'Elsa (1963)


Vainement ton image arrive à ma rencontre

Et ne m’entre où je suis qui seulement la montre

Toi te tournant vers moi tu ne saurais trouver

Au mur de mon regard que ton ombre rêvée


Je suis ce malheureux comparable aux miroirs

Qui peuvent réfléchir mais ne peuvent pas voir

Comme eux mon œil est vide et comme eux habité

De l’absence de toi qui fait sa cécité


Louis Aragon, Contre-Chant, dans: Fou d'Elsa

Cité dans : Lacan, Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. 1964



C’était au beau milieu de notre tragédie
Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d’or Je croyais voir
Ses patientes mains calmer un incendie
C’était au beau milieu de notre tragédie

Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d’or et j’aurais dit
C’était au beau milieu de notre tragédie
Qu’elle jouait un air de harpe sans y croire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir

Elle peignait ses cheveux d’or et j’aurais dit
Qu’elle martyrisait à plaisir sa mémoire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir
À ranimer les fleurs sans fin de l’incendie
Sans dire ce qu’une autre à sa place aurait dit

Elle martyrisait à plaisir sa mémoire
C’était au beau milieu de notre tragédie
Le monde ressemblait à ce miroir maudit
Le peigne partageait les feux de cette moire
Et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire

C’était un beau milieu de notre tragédie
Comme dans la semaine est assis le jeudi

Et pendant un long jour assise à sa mémoire
Elle voyait au loin mourir dans son miroir

Un à un les acteurs de notre tragédie
Et qui sont les meilleurs de ce monde maudit

Et vous savez leurs noms sans que je les aie dits
Et ce que signifient les flammes des longs soirs

Et ses cheveux dorés quand elle vient s’asseoir
Et peigner sans rien dire un reflet d’incendie


Louis Aragon, Elsa au miroir , dans : La Diane française, 1945


la nature de l'homme est sa relation à l'homme


« L’homme en effet entretient avec la nature des rapports que spécifient d’une part les propriétés d’une pensée identificatrice, d’autre part l’usage d’instruments ou outils artificiels. Ses rapports avec son semblable procèdent par des voies bien plus directes : nous ne désignons pas ici le langage, ni les institutions sociales élémentaires qui, quelle qu’en soit la genèse, sont dans leur structure marquées d’artificialisme ; nous pensons à cette communication affective essentielle au groupement social et qui se manifeste assez immédiatement en ces faits que c’est son semblable que l’homme exploite, que c’est en lui qu’il se reconnaît, que c’est à lui qu’il est attaché par le lien psychique indélébile qui perpétue la misère vitale, vraiment spécifique, de ses premières années.

Ces rapports peuvent être opposés à ceux qui constituent, au sens étroit, la connaissance, comme des rapports de connaturalité : nous voulons évoquer par ce terme leur homologie avec ces formes plus immédiates, plus globales et plus adaptées qui caractérisent dans leur ensemble les relations psychiques de l’animal avec son milieu naturel et par où elles se distinguent des mêmes relations chez l’homme. […] l’idée chez l’homme d’un monde uni à lui par un rapport harmonieux laisse deviner sa base dans l’anthropomorphisme du mythe de la nature ; à mesure que s’accomplit l’effort qu’anime cette idée, la réalité de cette base se révèle dans cette toujours plus vaste subversion de la nature qu’est l’hominisation de la planète : la « nature » de l’homme est sa relation à l’homme. »

Lacan, J. 1936, Au delà du « principe de réalité », In : Ecrits, pp.87-8.

Mort, sexe & be bop


Micro moments de poésie, ça sonne comme un copié-collé d’une critique de ciné bidon… mais quand même c’est vrai… et si c’est « poétique » ce n’est pas parce que parfois c’est joli, c’est parce que parfois c’est cru. « Just what it is ». Beaucoup plus direct que n’importe quel « réalisme ». Pas tant pour ce que ce film décortique de l’échange de salive que pour la manière dont il pose sans le dire l’absurdité de la mort. La mort est aussi absente de la mise en bière que le désir déserte l'explicitation éthologique de sa mise en corps.



Si l'appétit des vers condamne à mort le défunt

- oui, on sera bouffé par les vers, ils commencent par les yeux, c'est mou -

il s'agit aussi de se taire, être bête,

pour qu'alors tout un bestiaire assouplisse la relation à l'autre de petites délicatesses

- non, la langue désirante n'est pas une limace.



Il va mourir, ils vivent ensemble depuis 23 ans, présentations tardives, comme s’il était indispensable de se dire bonjour pour se dire adieu, dans le même mouvement

Elle « Dis mon nom »

Lui « ma petite Marina »

Elle « sans le petite »

Lui « Marina »

Elle « encore »

Lui « Marina »

Elle « encore »

Lui « Marina »

Elle « encore »

Lui « encore »

Elle « Marina »

Lui « Papa »



Tissage de la mort et du sexe.

Comment la mort de son père peut réconcilier sa fille avec son sexe ?

Son sexe à lui

(de « je t’ai imaginé nu, toi tu es un extraterrestre sans piston sans valise sans âme sans cœur »

à « Bella, baise mon père »)

Son sexe à elle-même

(de « j’aime les seins des femmes, ils ne m’excitent pas, je les admire »

à « tu ne bandes pas ? Il bouge un peu… c’est toi qui le fait bouger ? »)




« J’ai fait un film à propos de quatre personnes qui se trouvent au même endroit pendant une brève période. Trois personnes qui deviennent quatre puis deux. Trois étant, bien sûr, la configuration parfaite de toute relation. » Athina Rachel Tsangari