He is gone


But when life lives things can be heard
things can be seen
That's just how it is
— The Other


Deux hommes, l’Un et l’Autre, sur un bateau ?

Un homme à la mer ?

L’Autre enveloppe l’Un de ses bras, de son pull, comme s’il voulait incarner l’âme de l’Un, comme s’il pouvait lui donner la vitalité de son corps, sa chaleur.

Life’s not so bad, is it?

Il est déjà trop tard. Vêtements de plomb, collant aux os saillants ; plus qu’une seconde peau, la chair même qu’ils recouvrent ; il sera désormais impossible de s’en dépouiller.

Dépouillée, cette pièce, épurée ; certains la diront évidée, absconse, prétentieuse ; n’est-ce pas ce qu’ils penseraient, non seulement de la pièce, mais aussi de l’Un et de son humeur dépressive, suicidaire ? N’entendent-ils pas ce que tous ses mots ne disent pas ?

Words, only words, heavy words.

Dépression ; impossible de dire, expliquer, justifier cette irrésistible peur de sauter, de franchir cette ligne ténue qui sépare la terre lourde et le corps pesant de la mer profonde et légère ; impossible de ne pas céder à la tentation hypnotique de l’apesanteur ; impossible de ne pas sombrer.

I didn't want to... I just did it.

Impossible de comprendre le poids d’une vie qui sombre, le poids des mots qui, s’ils sont prononcés, ne délestent pas, mais pèsent, enfoncent.

L’ancre est levée.

Le vent se lève.

L’Un s’allège enfin en cédant à la force qui l’attire vers le fond.

L’Autre s’écrase sous le poids de l’impuissance à justifier la vie.



“I am the wind”
Texte Jon Fosse
Traduction Simon Stephens
Mise en Scène Patrice Chéreau
L’Un Tom Brooke
L’Autre Jack Laskey
Théatre de la Ville, Paris, Samedi 11 juin 2011.



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