Lumière Silencieuse (2007) de Carlos Reygadas.

Lumière silencieuse du réalisateur mexicain Carlos Reygadas (2007 - 2h22).
Vu le 08.07.2010 (Forum des Images, Paris).

La courte vidéo qui suit, liée au festival de Cannes 2007, parle de deux films que le CCCP n’a pas programmés : Zoo de Robinson Devor, à ne pas confondre avec Zoo de Peter Greeaway que nous avons programmé, vu et aimé ; et Lumière Silencieuse, un film (incomparable aux Zoo) du mexicain (chouchou incontestable) Carlos Reygadas. Par ce lien inattendu et contingent, cette video m’offre l’occasion d’introduire ce film ici. O joie !

Lumière Silencieuse est un film d’amour. C’est aussi – mais peut-être est-ce la même chose – le film d’un cycle – une journée, une saison, une vie, une révolution – qui déborde et emporte l’individu, l’évènement : la communauté conduite par sa croyance en Dieu ; la foi écrasée par les sentiments, les sensations, le corps (les pores de la peau et la transpiration quand Marianne et Johan font l’amour pour la dernière fois, encore une fois) ; le devoir aveuglé par la lumière ; les normes fluidifiées par le rire calme des enfants obéissants (la baignade dans l’eau froide où le corps hésite à se laisser glisser, entre profane et sacré, et se ressaisit aussitôt) ; la mort miraculée par l’amour (?). Tout autant de bruissements discrets (la bande son à elle seule est captivante) qui nous ramènent à notre condition de corps mortel dans un univers qui nous embrasse – nous englobe et nous retient. Il n’est pas seulement question de savoir – ou non – faire la part du sentiment et du désir charnel ; de la légitimité – ou non – d’aimer une autre personne que celle qu’on a aimé et qui nous aime encore ; de l’impossible choix entre être avec une personne qui ne nous aime pas et ne pas être avec cette personne que l’on aime. Il s’agit aussi de l’impuissance de l’homme face à lui-même ; de la contemplation de notre participation inéluctable à un milieu aveuglant de beauté et qui suit son propre rythme, absorbant le nôtre ; des milles manières d’être enraciné au-delà de (chez-)soi (l’étrang(èr)eté). Dans les mots de Carlos Reygadas : il s’agit d’une « lutte entre la passion ou les pulsions et l’instinct humain du calme et de trouver sa place dans le monde et la tranquillité. La vie a toujours cette tension entre ces deux extrêmes : de recherche de quelque chose et aussi de rester tranquille où on est. Il y a une balance très délicate entre ces deux pulsions » (édité à partir de la vidéo ci-dessous entre 00 :55 – 02 :00).

Aucun commentaire: